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Analyse critique de la gestion de la pandémie de COVID-19 au Québec

(12e rencontre [extrait 1])

YDR : C’est vrai qu’avec la COVID, j’ai rarement vu un discours officiel aussi hégémonique à grande échelle. Comme un avertissement des menaces totalitaires qui planent sur nous.

BD : Je crois qu’il y a effectivement eu des dérapages qui n’augurent rien de bon pour l’avenir s’ils ne sont pas nommés et identifiés comme tels. Je ne remets pas en question la nature des phénomènes naturels qui se sont produits au niveau mondial à partir de 2020. Des pandémies, il y en a déjà eu, et il y en aura d’autres. Je souscris par exemple à l’Institut national de santé du Québec pour dire que le virus SRAS-CoV-2 cause une infection appelée la COVID-19 avec des symptômes qui s’apparentent à ceux d’autres infections virales respiratoires comme la fièvre, la toux et l’essoufflement. Et que l’infection peut être bénigne, devenir plus sévère avec des difficultés respiratoires et présence d’une pneumonie, ou même entraîner le décès de personnes plus vulnérables1. Mais ce qui était cependant pour le moins déconcertant, c’était de constater à quel point, sur un phénomène sanitaire aussi multifactoriel qu’une pandémie, le discours officiel tel que rapporté dans les grands médias se ramenait essentiellement à répéter qu’on était dans un « état d’urgence », que les vaccins étaient « sûrs et efficaces2 » et qu’en dehors d’eux, point de salut pour sortir de cette crise !

YDR : Ça me fait tout de suite penser à la séquence Peur-Protection-Contrôle dont je t’avais parlé à Saint-Hyacinthe [7e rencontre, p.300]. Avec ça, on peut amener un pays entier à partir en guerre ou à prohiber et diaboliser des drogues pas plus dangereuses que ce qu’on boit là. Fait qu’imagine un nouveau virus qu’on connait pas pis qui s’répand partout dans l’monde : c’est pas super, on est d’accord, mais c’est une aubaine pour les politiciens ! Le genre de générateur de peur quotidien qu’aucun dirigeant n’a jamais osé imaginer, même dans ses rêves le plus fous !

BD : Et le fait qu’on martelait à chaque jour le nombre de cas, même quand la science indiquait depuis longtemps que ce n’était plus un paramètre pertinent quand la Covid est en train de devenir endémique, n’a pas aidé à calmer le jeu non plus.

YDR : Ben sûr que non, ça gardait l’anxiété dans l’plafond, c’est ça qui comptait ! Imagine les mesures de contrôle qu’on peut à ce moment-là passer au nom de la « sécurité ». Et on a vu comment ils ont étiré leur état d’urgence évidemment le plus longtemps possible sans aucune retenue. Sérieux, les mononcles autoritaires qui sont à Québec l’ont tellement eu facile avec la pandémie… Y’avaient juste à froncer les sourcils, prendre une voix grave, et rappeler comment c’est terrible dans les hôpitaux. Pis le monde acceptait de se faire chicaner sans rechigner, pis surtout sans réfléchir. La « docilité » de la population, pour reprendre les bons mots de la vice-première ministre du Québec3, c’était un rêve devenu réalité pour les gens de pouvoir.

BD : En fait, il y a différentes approches en santé publique, et celle de notre gouvernement a été vraiment à un extrême, terriblement trop paternaliste et infantilisante. Elle flirtait souvent avec la lubie d’un risque zéro4 au détriment d’une approche de la gestion rationnelle des risques, autant ceux liés au virus que ceux associés à la stigmatisation. Si des gens du milieu me disent que cette approche dite « par réduction des méfaits » est en train de gagner tranquillement du terrain avec le temps5, force est d’admettre que c’est la vieille approche paternaliste biomédicale qui s’est manifestée dès le début de la pandémie.

YDR : Mets-en… Avec des mesures coercitives ben trop intenses qui poussaient les gens à s’isoler pendant des mois pour préserver un système de santé que ce même gouvernement affairiste a chroniquement sous-financé et sur-centralisé. Comme les autres avant lui d’ailleurs, depuis des décennies. Tout ça dans le but de faire de la place au privé en santé, c’est un secret pour personne. Et après on s’étonne que ce système craque constamment de toutes parts et que la COVID a frappé si fort dans les CHSLD au début de la pandémie. Et ils poussaient l’hypocrisie jusqu’à en rejeter la responsabilité sur les simples citoyens et à les culpabiliser en leur répétant qu’ils n’étaient jamais assez bien protégés, jamais assez vaccinés. Alors que leur véritable hantise, c’était pas tant la santé des gens mais que les hôpitaux qu’ils ont négligés pendant des années ne s’effondrent pas complètement et restent quand même minimalement fonctionnels.

BD : Sans compter que des études ont montré assez tôt qu’on avait surévalué l’ampleur de la crise pour au moins toute la population plus jeune que la soixantaine6 et qu’il y avait des lacunes importantes au niveau de la manière dont les données sur le nombre de cas étaient recueillis7. Les modélisations de la pandémie étaient généralement basées sur des scénarios du pire que non seulement les gens finissaient par prendre pour des faits, mais qui orientaient en grande partie les politiques publiques. D’où les confinements qui étaient peut-être justifiables pour quelques semaines au début de la pandémie, mais qui se sont éternisés durant des mois dans plusieurs pays. Des mesures de confinement prolongées dont on commence à peine à mesurer les conséquences désastreuses chez les jeunes du préscolaire au collégial8. Mais pas que. Une étude publiée l’été dernier par Johanne Ingram et ses collègues montre que c’est l’ensemble de nos fonctions cognitives qui déclinent quand on est privé d’une part importante de nos rapports sociaux, comme ce fut le cas durant la COVID9.

YDR : Sans parler des couvre-feux dont on s’est surtout servi pour essayer de montrer qu’on avait le contrôle10. Un contrôle physique des populations basé sur la coercition, sans débat public. Une approche autoritaire qui a été d’une grande violence pour les populations marginalisées.

BD : En plus de ne pas avoir significativement réduit le nombre de contacts entre les gens11, t’as raison.

YDR : Même chose avec le passeport vaccinal,  une autre mesure qui a amené son lot de discrimination pour les personnes sans-abri qui perdaient accès à plein d’endroits où elles se réfugiaient normalement12. Sans parler du fait qu’on renforçait avec ça  l’habitude d’un contrôle social numérique dont les dérives potentielles sont énormes13.

BD : Les institutions ont clairement manqué de discernement pour les endroits où elles exigeaient les passeports vaccinaux, ce qui fait que les personnes non vaccinées ne pouvaient pas aller, par exemple, au jardin botanique, dehors, pour travailler, comme j’avais l’habitude de le faire. Et comme j’avais attendu un peu pour me faire vacciner et que je n’avais pas encore mes deux doses à l’époque, ben fallait que je me débrouille pour retrouver la belle végétation et le calme si bienfaisants pour le corps et le système immunitaire du jardin. Heureusement que j’avais encore mes vieux réflexes de l’exposition agricole de Saint-Hyacinthe…

YDR : Parles-moi de ça des habiletés de base qui nous servent toute la vie ! (rires) Parlant de jardin avec de la verdure pis de l’air pur, ça aurait été bien utile aussi que le gouvernement installe des purificateurs d’air dans les écoles, ce qui aurait contribué à y réduire la transmission de la Covid14. Mais notre bon ministre de l’Éducation affirmait plutôt que les purificateurs d’air en classe pourraient être plus dangereux qu’utiles15 !

BD : Alors que les études montraient clairement que les filtres HEPA fonctionnent très bien pour éliminer les aérosols des espaces intérieurs16

YDR : La vraie raison, c’était évidemment que s’ils reconnaissaient leur utilité, ils allaient devoir les payer, ce qui demanderait des investissements en éducation, chose dont le gouvernement, malgré ses belles professions de foi, veut éviter à tout prix.

BD : Parlant de l’extrême volatilité des aérosols par lesquels se transmet le virus du SARS-CoV-2, bien des questions se posent aussi quant à l’efficacité réelle d’une utilisation prolongée des masques dans des espaces fermés17. Mais encore là, il n’était pas de bon ton d’amener ces nuances.

YDR : Comme quand le vaccin est arrivé, un an plus tard, et qu’ils l’ont présenté comme une panacée avec une unanimité et une agressivité sidérante ! Les non-vaccinés sont vite devenus les pestiférés des temps modernes, leur vie sociale a été réduite à néant avec le passeport vaccinal, et leur probité morale décriée18. Les camarades qui se réclament de valeurs progressistes devront faire attention à l’avenir pour pas succomber à ce genre de surévaluation des risques qui en a mené plusieurs à tomber dans la chasse aux sorcières des non vaccinés19. Avec ironiquement la création d’un climat de délation et de recherche de bouc-émissaire passablement toxique, socialement parlant. Tout le contraire du renforcement du filet social pour lequel on travaille normalement.

BD : Effectivement, la stigmatisation est toujours la première chose à éviter. Or, tout le discours dominant durant la pandémie a au contraire contribué à amplifier l’isolement de ceux qui avaient peu de liens sociaux. Plus généralement, il a aussi détérioré la qualité de nos liens sociaux par l’augmentation de la méfiance face aux autres. Sans parler du filet social naturel qu’est l’école, dont les longues fermetures ont fait encore plus ressortir les inégalités sociales. Anxiété et dépression allaient être aussi grandement amplifiées chez les populations les plus vulnérables20. Ironiquement, vivre dans un climat anxiogène, comme celui distillé quotidiennement par les grands médias durant les longs mois de la pandémie, va affecter négativement notre système de défense naturel. On connaissait tous ces risques d’isoler pendant si longtemps la bibitte sociale qu’est un être humain. Mais les instances de santé publique, les gouvernements et les médias ne parlaient que des risques associés au virus, et à peu près jamais les risques associés à l’isolement social.

YDR : Mais qu’est-ce qu’on peut faire quand y a des risques des deux bords comme ça ?

BD : La réponse est simple : il faut toujours essayer d’évaluer le rapport coût / bénéfice. Dans le sens où toute mesure sanitaire comporte ses avantages, mais aussi ses inconvénients et ses risques. Et ce qui est déplorable dans toute cette affaire, c’est que ce rapport coût / bénéfice des vaccins, celui de ses effets secondaires versus ses effets protecteurs contre la COVID, s’est avéré moins clair qu’on le claironnait sans cesse21. Et plus le temps passe, plus on découvre que ce rapport coûts / bénéfices pour les vaccins à ARN messager est peut-être loin d’être clairement favorables dans bien des cas22. Et que malgré ça, on l’a pratiquement imposé à tout le monde, sans distinction.

YDR : Y fallait bien justifier leur achat à coup de milliards de dollars par les gouvernements. Et les milliards de profits réalisés en quelques mois par les pharmaceutiques qui les vendent23.

BD : T’as raison de rappeler l’importance des motivations pécuniaires derrière les vaccins, et à plus forte raison ceux pour une pandémie ! Cela dit, j’ai rien contre les vaccins qui ont été correctement testés et qui ont rendu de grands services à l’humanité, comme celui contre le virus de la polio, mis au point au milieu des années 1950 par Jonas Salk et son équipe. Salk qui, d’ailleurs, quand on lui demandait à qui appartenait le brevet de son vaccin, avait donné cette fameuse réponse : « Eh bien, aux gens, je dirais. Il n’y a pas de brevet. Pouvez-vous breveter le soleil ? »24.

YDR : Oh shit, hein ! Plutôt bien envoyé. Dommage qu’une telle grandeur d’âme ne soit plus tellement à la mode…

BD : En effet. Comme je te l’ai souvent dit aussi, nos connaissances scientifiques évoluent constamment, et ce qui valait hier ne vaut pas nécessairement aujourd’hui ou demain. Le vaccin a peut-être pu aider bien des gens avec la souche originale ou le variant delta, mais avec l’arrivée du variant Omicron, fin 2021, on a vite pu constater, en regardant ce qui se passait en Afrique du Sud et ailleurs dans le monde, qu’il était bien différent des précédents, plus contagieux mais moins dangereux. Cela influençait donc forcément l’évaluation du rapport coût / bénéfices par rapport au vaccin. Mais à cette époque, c’est-à-dire l’hiver et le printemps 2022, le gouvernement continuait de marteler qu’on devait « gagner la bataille » contre le virus et que cela passait nécessairement par la vaccination indiscriminée de toute la population, ce qui mettait encore plus de pression sur les personnes non vaccinées25, lesquelles ne faisaient pratiquement plus partie de l’équation vu leur faible nombre et le fait qu’Omicron sévissait à plein parmi les personnes doublement vaccinées. Je rappelle qu’on est alors un an environ après le début de la vaccination. On comprend à ce moment-là qu’elle devrait d’abord être utilisée pour protéger les personnes âgées, immunosupprimées ou ayant diverses vulnérabilités. Et que les personnes en santé qui ont une immunité hybride, c’est-à-dire qui ont été vaccinées en plus d’avoir eu une infection, ce qui est le cas de beaucoup de monde, n’ont pas besoin de doses additionnelles26. Malgré ça, le gouvernement continuait d’inviter tous les gens vaccinés depuis plus de six mois, incluant les jeunes dont les trois quarts avaient déjà été infectés et vaccinés, à « rester à jour » en allant chercher leur « booster ». Et il a pris un temps fou à admettre que les symptômes d’Omicron s’apparentaient à partir de là à ceux d’un rhume pour l’immense majorité des gens27. Et donc la conclusion à laquelle on arrivait rapidement mais qui brillait par son absence dans le discours officiel était que pour les personnes non à risque, la meilleure protection contre la COVID devenait sans doute… d’avoir eu la COVID ! Ce qui permettait d’acquérir une immunité naturelle efficace et plus durable que les vaccins28. Mais c’est comme si les autorités se gardaient de rappeler que ce qu’il fait, à la base, le vaccin, c’est de stimuler notre système immunitaire.

YDR : C’est vrai qu’on en entendait pas parler souvent de celui-là, même s’il était pourtant au cœur de toute l’affaire…

BD : Ben oui. Parce que, ô surprise, on en a un ! Et on connaît plein d’autres choses qui peuvent aider notre système immunitaire ou lui être néfaste. Comme être carencé en vitamine D, ce qui est le cas de bien des gens l’hiver dans l’hémisphère Nord, et qui augmente les risques d’être admis aux soins intensifs ou de mourir de la Covid, mais sur laquelle on a étiré le doute de manière irresponsable malgré les nombreuses études démontrant depuis longtemps l’effet protecteur de ne pas avoir cette carence29. Mais l’idée d’une santé immunitaire qui se cultive et s’entretient quotidiennement, ça on n’en parlait à peu près jamais, même si c’est bien avéré sur le plan scientifique. C’est pourtant le genre de chose qui devra impérativement réorienter les futures politiques de vaccination30.

YDR : Y’a un truc qui reste ben flou pour moi qui suis pas biologiste, et tu vas peut-être trouver ça niaiseux comme question, mais comment y fait le vaccin pour nous donner une immunité contre le virus ? Comme tu parles d’immunité naturelle qui peut nous protéger aussi, c’est quoi la différence entre les deux ?

BD : Oh boy… Comme toutes les questions soi-disant « niaiseuses », c’est souvent les meilleures et les plus difficiles à répondre ! Mais t’as tellement raison de la poser, et peu de gens, même à des postes décisionnels importants, seraient capables d’y répondre. Je vais donc prendre mon courage à deux mains, comme on dit, et essayer de te résumer le plus simplement possible

Il faut d’abord expliquer en quoi ce vaccin à ARN messager est différent des vaccins traditionnels, chose qui a évidemment été très peu faite dans les médias pour aider les gens à comprendre ce qu’on leur injectait. Pour ça, il faut bien entendu comprendre minimalement comment fonctionne notre système immunitaire, qui est aussi complexe que le système nerveux. Par exemple, rappeler ce qu’est un antigène. C’est toute substance, souvent une protéine propre à un virus ou à une bactérie, que le système immunitaire d’un individu reconnaît comme étrangère, et qui provoque la production d’anticorps31.

YDR : Et un anticorps, c’est quoi ?

BD : C’est une protéine, produite cette fois par notre système immunitaire, capable de neutraliser l’antigène et, souvent du même coup, les effets néfastes du microorganisme associé32. La production d’anticorps est l’un des moyens dont dispose notre organisme pour combattre un microbe dont la surface comprend différents antigènes. Un virus qui entre par exemple dans nos voies respiratoires va d’abord rencontrer une première ligne de défense dans nos muqueuses qui s’accompagne de la production de certains types d’anticorps33, puis plusieurs autres types s’il se rend plus loin dans notre corps. Déjà on peut donc noter que le vaccin, qu’on injecte directement dans le corps, ne stimulera pas cette première ligne de défense immunitaire de nos muqueuses.

YDR : Mais c’est quoi qu’il y a dans un vaccin, au juste ?

BD : J’y arrive. Traditionnellement, les vaccins contenaient des éléments affaiblis ou inactifs d’un microorganisme particulier, donc ne pouvant plus causer la maladie associée. Mais ça permettait tout de même de conserver à sa surface plusieurs protéines qui vont être reconnues par notre corps comme des molécules étrangères, donc des antigènes qui vont déclencher une réponse immunitaire dans l’organisme. Exactement comme on l’aurait fait en présence du véritable pathogène qui, lui, si notre système immunitaire ne réussit pas à le neutraliser assez rapidement, va se multiplier et nous rendre malade. Avec ces vaccins traditionnels, on connaît donc exactement la quantité d’antigène qu’on administre, et donc on a une très bonne idée de la réponse immunitaire que l’on va provoquer. On sait aussi pas mal précisément la durée pendant laquelle les antigènes vont demeurer dans le corps avant d’être neutralisés.

YDR : Mais les vaccins contre la COVID, c’est les autres non ? Ceux que t’appelles « à ARN » ?

BD : Exact. Les vaccins à ARN messager ne fonctionnent pas du tout comme ça, ce qui produit énormément d’incertitudes et de questions encore sans réponse, comme tu vas voir. Parce que ce qu’on nous administre alors, ce n’est pas un microbe affaibli avec ses antigènes typiques comme dans les vaccins traditionnels, mais plutôt l’ARN messager d’un seul antigène, en l’occurrence ici la fameuse protéine « spike » du coronavirus Sars-CoV-2.

YDR : Mais c’est quoi au juste un ARN messager pis qu’est-ce que ça va faire dans notre corps ?

BD : Voilà ce que bien peu d’instances en santé publique ont pris la peine d’expliquer. L’ARN messager est le matériel génétique, le « plan » si tu veux, qui permet à nos cellules de produire leurs protéines. Car il faut rappeler ici que le registre général de tous les plans pour faire nos protéines est conservé dans la longue molécule d’ADN qui se retrouve dans le noyau de toutes nos cellules. Or l’ADN ne peut pas sortir du noyau, alors que les petites machines qui produisent concrètement nos protéines sont dans le cytoplasme, donc dans le reste de la cellule à l’extérieur du noyau. Comment alors le plan d’une protéine peut-il rejoindre la machine qui va concrètement suivre ce plan pour enligner correctement les bons acides aminés pour faire une protéine donnée ? Grâce à l’ARN messager, justement. Car l’ADN est capable de copier ses séquences codant pour des protéines, autrement dit les gènes de ces protéines, en ARN messager qui lui peut sortir du noyau ! Cet ARN messager contenant le plan pour faire une protéine se retrouve donc dans le cytoplasme où, très vite, il va se fixer aux petites machines, qu’on appelle les ribosomes, qui vont ainsi pouvoir lire le plan et fabriquer la protéine en question. Or ce qu’on fait avec un vaccin à ARN messager, c’est qu’on prend l’ARN messager de la protéine spike du coronavirus Sars-CoV-2, on l’enrobe de nanoparticules lipidiques et on l’injecte dans le bras d’une personne. Cet enrobage est nécessaire pour, d’une part, protéger l’ARN messager, et d’autre part pour lui permettre de pénétrer dans nos cellules. Et donc une fois à l’intérieur de nos cellules, cet ARN va être pris en charge par nos ribosomes comme n’importe quelle autre molécules d’ARN messager en provenance du noyau de la cellule. Sauf que ce ne sont pas des protéines nécessaires au bon fonctionnement de nos cellules que les ribosomes vont alors produire, mais bien la protéine spike qui est donc ici l’antigène unique de ce vaccin.

YDR : Si je te suis, ça veut dire que dans un vaccin à ARN messager l’antigène est pas déjà dans le vaccin sous forme de microbe affaibli avec toutes ses protéines de surface qui agissent comme antigènes. Le vaccin fournit juste le plan d’un antigène particulier.

BD : C’est ça, celui de la protéine spike, et ce sont nos cellules qui vont produire cet antigène. Et c’est là où ça amène énormément de questions encore sans réponse et qui vont le rester pendant des années encore vu la complexité des mécanismes en jeu. En plus des inconnus dont on ignore même l’existence en ce moment34. Il faut d’abord que je te dise que lorsque le vaccin à ARN messager est sorti, de par ma formation en biologie, je me suis tout de suite posé un tas de questions et, ne trouvant de réponses nulle part, j’avais décidé d’exercer mon droit à un consentement éclairé et d’attendre au moins quelques mois avant d’être vacciné. Ce qui m’a permis par la suite d’expérimenter personnellement la stigmatisation des non vaccinés, une expérience que je ne suis pas prêt d’oublier !

YDR : Mais tu t’es finalement fait vacciné ?

BD : C’est quand je ne pouvais plus travailler à faire mes conférences que j’ai dû me résoudre à prendre une chance avec ces nouveaux vaccins. Mais je l’ai fait à regret, car il y avait énormément de questions sans réponse à l’époque, et il n’y a pas tellement plus de ces réponses aujourd’hui. Dans quelles cellules de notre corps va par exemple entrer l’ARN messager du vaccin ? Les compagnies qui fabriquent ces vaccins disaient au début que ça restait localisé dans les cellules musculaires du bras où le vaccin était injecté. En fait, dès janvier 2021, alors que commençait la vaccination à grande échelle pour la COVID, des instances gouvernementales officielles savaient qu’on manquait de données sur plusieurs aspects des vaccins, notamment la biodistribution et le temps de dégradation des ARNm et des protéines spike produites35. En même temps, on avait déjà des études montrant que les nanoparticules lipidiques contenant les ARNm ne restaient pas dans le bras mais se répartissaient dans de nombreux autres organes contrairement, donc, à ce qu’affirmaient les compagnies derrière les vaccins et les autorités les ayant approuvés36.

YDR : C’est pas fort… Et même assez inquiétant, non ?

BD : Plutôt, oui. Juste une anecdote sur le niveau de connaissance de ces choses-là même au sein du personnel soignant. Quand j’ai reçu ma première dose, j’ai demandé à l’infirmière si elle allait aspirer un peu avec sa seringue une fois rentrée dans mon bras pour s’assurer qu’elle n’aspire pas de sang et qu’elle n’a donc pas piqué par hasard dans un petit vaisseau sanguin qui permettrait alors facilement au vaccin d’aller dans tout le corps. Elle m’a répondu qu’on ne faisait pas ça et que ce qu’on voulait c’est que le vaccin aille partout dans mon corps pour me protéger partout… J’ai pris une grande respiration et j’ai croisé les doigts tout en touchant du bois…

YDR : C’est les anticorps qu’on veut avoir dans tout le corps, pas le vaccin, non ?

BD : C’est plutôt ça, oui. Le problème potentiel ici, c’est que l’enrobage de nanoparticules lipidiques n’est pas du tout sélectif quant au type de cellule dans lesquelles il peut rentrer parce que ces lipides fusionnent simplement avec n’importe quelle membrane cellulaire pour y libérer dans le cytoplasme l’ARN messager. Il n’y a donc théoriquement aucun obstacle à ce que des cellules de foie, de rein ou du cœur se mettent à produire des protéines spike.

YDR : Est-ce qu’elles en produisent ?

BD : On ne le sait pas vraiment. Et ça mène à la question suivante : où vont les protéines spike une fois produites par les ribosomes ? On sait que si plusieurs vont être acheminées vers la membrane cellulaire et qu’un certain nombre vont rester à la surface de la cellule, d’autres vont se détacher et se mettre à circuler dans l’organisme37. Mais combien dans chaque cas? Encore une fois, on ne le sait pas trop. Au début aussi, on a beaucoup insisté sur le fait que l’ARN messager se dégradait rapidement. Mais des études ont montré qu’on pouvait en trouver chez certaines personne encore un mois après la vaccination38. Et ça, ça peut avoir son importance. Parce qu’on sait que la réponse immunitaire, avec ses différentes étapes et ses différents types cellulaires impliqués, a certaines courbes de réponse. Comment ces courbes seront-elles affectées par une présence prolongée, par exemple, de l’antigène dans le corps ? Il n’est pas impossible qu’il y ait ici des liens à faire avec les durées de protection de plus en plus courts observés après les 3e, 4e ou 5e « booster » reçus. Et ces protéines spike qui circulent dans notre corps à travers tous nos tissus, sur quels récepteurs de nos cellules vont-elles se fixer ? Car on sait que le coronavirus se fixe sur certaines protéines à la surface de nos cellules, les ACE2 – pour angiotensin-converting enzyme 2, en anglais –, grâce justement à ses protéines spike, ce qui leur permet ensuite d’injecter leur matériel génétique dans cette cellule. La spike est donc faite pour se fixer aux ACE2 et devrait donc le faire aussi à l’état libre.

YDR : Qu’est que ça pourrait faire alors ?

BD : Une fois de plus, on l’ignore. Et si nos cellules se mettent à exprimer beaucoup de ces antigènes de protéines spike, on peut se demander si elles ne vont pas provoquer une réaction inflammatoire comme notre système immunitaire le fait automatiquement quand il localise dans notre corps des cellules dont il ne reconnait pas les protéines de surface, par exemple une protéine étrangère comme la spike. On connaît encore très peu les risques associés ici à ce qu’on appelle alors une réaction auto-immune.

YDR : Ça commence à faire pas mal de questions en suspens.

BD : Mets-en. Et parallèlement à toutes ces questions, il y a quand même une certitude : celle qu’avec tout traitement pharmacologique, y compris un vaccin, il y a toujours des effets secondaires rapportés. Et des données officielles, comme celles du ministère de la santé du gouvernement de l’Australie-Occidentale, montrent que ceux-ci sont environ 24 fois plus fréquents avec le vaccin à ARN messager contre la COVID qu’avec les vaccins traditionnels donnés la même année 2021 dans cette région du monde39.

YDR : Shit… Toute une différence !

BD : Le corps est une machine d’une complexité inouïe dont on connaît encore bien peu de chose, alors il n’est pas surprenant qu’en introduisant des molécules dans cette complexité on puisse produire des effets prévisibles et escomptés, soit, mais qu’on observe aussi inévitablement d’autres effets qu’on qualifie de « secondaires », ce qui ne veut pas dire qu’ils ne peuvent pas être très dangereux pour autant. Dans le cas des vaccins à ARN messager contre la COVID, on pense par exemple aux myocardites et péricardites, plus fréquentes qu’on le croyait au départ dans certaines groupes40 qui peuvent être par ailleurs moins à risque de complication pour la COVID41, ce qui soulève des questions sur le rapport coûts/bénéfices de la vaccination pour ces  populations42. Des scientifiques viennent par exemple de publier une réanalyse des données disponibles des essais cliniques faits par Pfizer et Moderna pour homologuer leur produit43. Et ce qui en ressort, c’est qu’il y aurait autour d’un effet secondaire sérieux pour chaque 800 vaccins administrés ou, si l’on préfère, 1250 effets secondaires sérieux pour chaque million de vaccins administrés. Or le nombre de doses administrées du vaccin Pfizer dépasse les 600 millions…

YDR : Ça fait ben du monde qui ont potentiellement eu de gros problèmes de santé à cause de ça.

BD :  Ben du monde, comme tu dis. Il faut savoir que le U.S. Department of Health and Human Services rapporte que le taux pour les effets secondaires graves pour d’autres vaccins est de seulement 1 ou 2 par million44, ce qu’affirmait aussi les deux principales compagnies de vaccins à ARN lors de l’homologation de leur produit. Or selon cette réanalyse, la réalité est qu’il y aurait autour de 1000 fois plus d’effet secondaire sérieux que ce que disait la compagnie.

YDR : Oups… On a un problème, là.

BD : En effet. À titre de comparaison aussi, on peut rappeler que le vaccin contre la grippe porcine de 1976 avait été retiré du marché après avoir été associé au syndrome de Guillain-Barré à un taux d’environ 1 sur 100 000. Et en 1999, le vaccin contre le rotavirus Rotashield a été retiré à la suite de cas d’obstructions intestinaux dans environ 10 ou 20 cas sur 100 000. Alors qu’on est autour de 125 effets secondaires sérieux sur 100 000 pour les vaccins contre la COVID. Pour mieux comprendre les risques élevés d’effets secondaires graves des vaccins à ARN messager et confirmer les conclusions avancées dans cette étude, il faudrait pouvoir considérer dans le détail quand et comment ont été ressentis les effets secondaires de ces sujets et pourquoi certains ont été hospitalisés45. Mais pour ça, il faudrait que ces données soient accessibles. Or les données recueillies au niveau de chaque sujet individuel lors des essais cliniques de Pfizer ne sont pas publiques. La compagnie refuse de les rendre publiques pour qu’on puisse les réanalyser46.

YDR : Houston, on a définitivement un autre gros problème ici47

BD : D’ailleurs les auteurs de cette première réanalyse partielle souhaitent que leur propre étude soit elle aussi réanalysée. Parce que c’est comme ça que la science fonctionne. Tout ça nous ramène à ce que je disais tantôt sur la nécessité de toujours considérer le rapport des coûts ou des risques versus les bénéfices, en particulier quand on n’est pas en mesure, comme c’est le cas actuellement, de pouvoir bien évaluer la probabilité d’avoir un effet secondaire grave associé au vaccin selon certaines caractéristiques individuelles comme l’âge, le sexe ou la présence de comorbidité. Des données commencent à sortir48, bien sûr, mais on aurait aimé le savoir dès le début de la vaccination en se basant sur une analyse détaillée des essais cliniques.

YDR : Ouais, parce que ce que le monde veut savoir, au fond, c’est si je prends ce vaccin-là, est-ce que j’ai moins de chance d’aller à l’hôpital que si je le prends pas, dans un contexte où le virus circule en masse ? Je comprends l’avantage si les vaccins peuvent diminuer les risques d’hospitalisation des personnes plus à risque, comme les personnes âgées ou qui souffrent de maladies chroniques. Mais pour la majorité des gens pas trop vieux pis en forme comme nous, ça se pourrait-tu que les effets secondaires du vaccin causent plus de risques pour la santé ?

BD  : Voilà le genre de question essentielle à se poser pour prendre une décision éclairée. Décision encore très difficile à prendre, comme je le disais, par manque d’accès aux données détaillées des essais cliniques. Essais cliniques qui, de toute façon, se sont faits bien trop vite, en quelques mois seulement, alors que ça se fait sur des années normalement. Ce qui n’a pas empêché nos instances gouvernementales de donner leur approbation à ces vaccins. Sans parler de leurs coûts assumés par les payeurs de taxe puisque ce sont les États qui les ont achetés, des coûts qui se chiffrent en dizaines de milliards de dollars.

YDR : Y me semble qu’y a aucune raison légitime que les scientifiques pis le public n’aient pas accès aux données qui ont justifié la dépense de montants pareils !

BD : Le fait que ce manque d’accessibilité aux données initiales maintient un certain niveau d’incertitude sur les conclusions qu’on peut tirer sur les bases scientifiques de la promotion du vaccin pour la COVID-19 ne semble déranger ni les instances de santé publique, ni les gouvernements, ni l’immense majorité des journalistes, et ni évidemment les compagnies qui vendent le produit. À l’heure où les données ouvertes deviennent la norme en science et sont requises par les plus grandes publications scientifiques, ce refus des agences de santé publique de les exiger des compagnies pharmaceutiques est déplorable considérant la distribution et la rapidité d’utilisation historique sans pareil de ces produits. D’ailleurs, on commence à entendre beaucoup parler de la COVID longue pour désigner les gens qui prennent des mois à se remettre de leur infection naturelle au Sars-CoV-2. Qu’une minorité de personne peinent à se remettre d’une infection virale, ça se voit aussi avec d’autres virus, ce qui n’exclut pas une étiologie propre au Sars-CoV-2. Mais ce qu’on sait aussi maintenant, et qui a été beaucoup plus long à faire reconnaître, c’est l’existence d’un syndrome similaire qui peut être déclenché par la vaccination. Celle-ci pourrait donc aussi avoir des effets à plus long terme. La « Long Post COVID Vaccine Syndrome », ou LPCVS en anglais, peut par exemple produire de grandes fatigues, des maux de tête et du « brouillard mental » au niveau cognitif49. Certains chercheurs disent que la LPCVS est beaucoup moins fréquente que la COVID longue. Mais des journalistes de la revue Science ont montré toute la difficulté des personnes atteintes de LPCVS à faire reconnaître leur pathologie et à se faire soigner50.

YDR : Considérant tous ceux et celles qui ont dû se décourager devant le peu de réceptivité du milieu médical à leur histoire, ça serait pas étonnant qu’il y en ait plus alors ?

BD : En effet. Et ça pose aussi la question de la fiabilité de notre système de pharmacovigilance dans le cas des vaccins contre la COVID, un système indispensable conçu pour monitorer les effets indésirables des médicaments ou des vaccins qui surviennent une fois qu’ils sont commercialisés. À cause d’a priori découlant du discours dominant omniprésent en vertu duquel les vaccins seraient « sûrs et efficaces », la distinction entre des « lien rares » entre le vaccin et des effets secondaires indésirables et des « liens rarement signalés ou documentés » a toujours été problématique. Même chose pour les attaques et le discrédit dont ont fait l’objet les médecins ou autres personnes au sein de la communauté scientifique qui ont exprimé des inquiétudes51.

YDR : Ça crée pas un super bon climat pour l’accompagnement des patients qui ont des malaises qui se déclenchent tout de suite après l’administration d’un vaccin…

BD : Pas vraiment, non. C’est en ce sens que la pandémie a mis en évidence un monde qui ne fait plus vraiment la promotion de la médecine, c’est-à-dire l’art empirique personnalisé qui consiste à montrer aux gens comment rester en santé et les traiter individuellement s’ils sont malades, mais plutôt un monde où l’on applique des solutions pharmacologiques mur à mur dictée d’en haut.

YDR : Avec les Centres locaux de services communautaires, les CLSC au Québec, on avait pourtant conçu il y a 50 ans un modèle efficace et bénéfique, reposant sur une approche préventive et collective des problèmes de santé, et sur l’autonomie du personnel soignant et des patients52. Mais on les a scrappés pour un modèle médicalqui donne des pilules au lieu de faire de la prévention. Des pilules que prennent des corps qui vont retourner le lendemain dans l’environnement toxique qui les stresse et les rend malades, avant de revenir inévitablement voir le docteur pour d’autres pilules53.

BD : C’est pas mal ça, malheureusement. Mais la pandémie a aussi amené la consécration de ce que j’appellerais les apôtres de l’evidence based medecine, demandant par exemple toujours plus d’études randomisées en double aveugle sur des années pour la requalification de molécules déjà sur le marché pour traiter la COVID, mais qui ne trouvent rien à redire quand on valide en vitesse des vaccins expérimentaux à l’échelle mondiale.

YDR : Moi je serais plus direct et je dirais qu’il y a comme une hypocrisie ou une naïveté politique – entre les deux, mon cœur balance – des pourfendeurs de la désinformation de tout acabit, qui sont très prompts à aller chercher le petit défaut dans la dernière étude sur une alternative ou un complément au vaccin, mais qui sont pas mal moins pointilleux sur les partis pris éhontés des grands médias pour les puissants et leurs intérêts économiques. Ce qu’ils ont tendance à oublier, c’est qu’il y a toujours eu des ignorants et ses charlatans. Que les réseaux sociaux leur permettent de diffuser plus largement leur ignorance ou leur arnaque, c’est chiant, d’accord. Mais ça doit pas nous faire considérer les grands médias par défaut comme détenteurs unique de la vérité avec un grand V, ostie ! Sinon ça amène la population à intérioriser un réflexe d’obéissance pis de crédulité sans questionnement, ce qui fait bien l’affaire des gros complotistes professionnels, les bonnes vieilles multinationales qui ont simplement des intérêts convergents d’exploitation de la classe laborieuse, en maintenant les salaires bas, l’aide sociale indécente, et les grèves comme des rituels quasi sans conséquence. Quand on leur parle de tout ça, ils vont vous dire « bien sûr », mais n’iront jamais rien « décrypter » de très profond de ce côté-là.Faire de la médecine, pour ces gens-là, c’était presque devenu un complot anti-vaccin !

BD : (rire) Sans aller jusque-là, c’est vrai qu’on a souvent remis en question la morale des médecins qui soulevaient la moindre question sur la campagne de vaccination. Alors que moi, ceux dont j’aimerais comprendre la dérive morale, ce sont les personnes en situation d’autorité qui ont minimisé les principes de précaution et de consentement libre et éclairé, que dis-je, qui l’ont balayé du revers de la main pendant plus d’un an. Juste autour de moi, j’ai un ami médecin qui a voulu, avec une vingtaine de ses collègues, rappeler l’importance du principe de précaution, particulièrement en ce qui concerne la vaccination des jeunes enfants qui n’ont que très peu de symptôme avec la COVID et ont un très faible taux d’hospitalisation54. Ils ont été immédiatement blâmés officiellement par leur ordre médical. Alors que ce que, moi, je trouve éthiquement très discutable, c’est par exemple d’obliger les jeunes enfants à porter le masque à l’école alors que les effets néfastes d’une telle mesure sur leur développement ont été soulevés très tôt par les pédiatres et que les bienfaits, eux, sont loin d’être évidents. Ou bien la fermeture prolongée des écoles qui a impacté fortement leur vie et celle de leurs parents, et ralenti le développement des enfants plus défavorisés55. Quant aux affiches jovialistes dans les écoles incitant à la vaccination, une étude récente sur les jeunes de 12 à 17 ans montrait que deux doses du vaccin n’étaient favorables qu’aux filles ayant une comorbidité. En ce qui concerne les garçons qui avaient déjà été infectés, et qui constituaient très certainement un pourcentage significatif après plus d’un an de pandémie, une seule dose entraînait même plus de risques que de bénéfices56.

YDR : Si je comprends bien, au lieu d’appliquer le principe de précaution et une approche individualisée, le gouvernement a fait du chantage avec les jeunes, du genre : « faites-vous vacciner pour un retour à la normale; pour pouvoir faire du sport; pour protéger grand-maman… »

BD : Genre, oui. On commence à peine, depuis quelques mois, à entendre ça et là, très prudemment, quelques experts médiatiques admettre à mot couvert qu’on peut commencer, oui, peut-être, à se demander s’il faut aller se faire donner une cinquième dose si on a eu en plus la COVID.

YDR : Ces efforts concertés contre la discussion ouverte, en particulier lorsque des idées ou des faits dérangeants comme ceux que tu évoques ici sont exposés, n’est pas si étonnant, au fond. Comme s’il fallait encore rappeler que le but des compagnies pharmaceutiques qui fabriquent ces vaccins, c’est de faire du profit comme toutes les compagnies, pas de soigner l’humanité57! Je veux pas nécessairement déballer ici tout le dossier que j’ai accumulé depuis des années sur les compagnies pharmaceutiques, mais je peux peut-être juste rappeler un autre truc qui concerne cette chère compagnie Pfizer dont on parle ici. Selon le site Good Jobs First58, une ONG américaine qui fait la promotion de la transparence et de la responsabilité des entreprises et qui répertorie les pénalités monétaires payées par des compagnies pour des violation de règles ou d’autre formes de malversations, Pfizer est l’une des entreprises les plus condamnées au monde dans le domaine de la santé, avec des pénalités dépassant les 10 milliards de dollars depuis l’an 2000 ! Sa condamnation la plus lourde, battant tous les records américains dans le domaine de la santé, est sans aucun doute celle de 2009, où Pfizer a écopé d’une amende de 2,3 milliards de dollars59 pour avoir fait la promotion illégale de quatre médicaments : le Bextra, un anti-inflammatoire ; le Geodon, un antipsychotique ; le Zyvox, un antibiotique ; et le Lyricia, un antiépileptique. Pour le Bextra, Pfizer avait continué de promouvoir et commercialiser son médicament alors que la FDA l’avait retiré du marché en 2005, en raison d’inquiétudes sur ses effets secondaires, notamment cardiaques. Et pour le Geodon, le Zyvox et le Lyricia, le géant pharmaceutique avait trompé les programmes d’assurance-maladie gouvernementaux et versé des commissions occultes à de nombreux professionnels de la santé pour pouvoir étendre la commercialisation de ses médicaments, notamment chez les enfants et les personnes âgées.

BD : Tout ça est assez troublant, en effet. Mais ce qui l’est peut-être encore plus, c’est quand on sait que, malgré ça, les agences de régulation comme la FDA aux États-Unis ou Santé Canada, ont une proportion hallucinante de leur budget qui leur vient de l’industrie60 : environ 50% pour Santé Canada, et 56% pour la US Food and Drug Administration pour un budget total d’environ 6 milliards de dollars. Et ça monte à 85% pour la PDMA du Japon et 89% pour le European Medicines Agency ! Pas étonnant que l’immense majorité des drogues soumises à l’examen de ces agences sont acceptées et se retrouvent sur le marché61 ou, au contraire, qu’elles s’acharnent à en déconseiller d’autres moins lucratives et susceptibles d’enlever une part du marché aux médicaments vedettes62.

YDR : Comment veux-tu conserver un minimum d’indépendance dans ces conditions-là ? Faut vraiment que les fautes soient énormes quand ils sévissent, comme dans le cas de Pfizer. Le reste du temps, c’est business as usual, c’est-à-dire la quête effrénée de profit à tout prix de notre merveilleux monde capitaliste. La santé, c’est juste une autre « part du marché »…

BD : Et le pire, en ce qui concerne l’industrie pharmaceutique privée, c’est qu’une bonne part de son financement vient du public. D’un côté, t’as les nombreuses contributions publiques à travers le financement de la recherche, les hôpitaux, les patients qui participent aux études, les remboursements des médicaments, les crédits d’impôt et toutes les autres façons par lesquelles la société soutient la recherche des pharmaceutiques. Et de l’autre, on a les droits monopolistiques des brevets de ces compagnies qui vont se retrouver entre les mains d’une très petite quantité d’acteurs économiques. Et l’on occulte constamment cette très grande part de biens publics que les grandes pharmaceutiques s’approprient grâce à leurs monopoles63.

YDR : Oui mais rassure-toi, nos gouvernements ont proposé des solutions.

BD : Ah oui ? Quoi ?

YDR : Une réforme encore plus centralisatrice64 et plus de place au privé65! En imposant à un personnel soignant déjà à bout de souffle sa « méthode Toyota » pour plus de productivité66! (rires jaunes)


  1. COVID-19 (coronavirus) ↩︎
  2. The disappearance of the safe and effective vaccine (2024) ↩︎
  3. Dociles et obéissants (2020) ↩︎
  4.  Zero-Covid Strategy: What’s Next? (2023) ↩︎
  5. La réduction des méfaits : une approche avantageuse (2022) ↩︎
  6. Episode 151: John Ioannidis talks about the bungled response to COVID-19 (2023) / John Ioannidis (Wikipédia) ↩︎
  7. Written evidence from Dr Clare Craig (DTA 09) (2020) ↩︎
  8. Les taux d’échec bondissent chez les cégépiens (2022) ↩︎
  9. Social isolation during COVID-19 lockdown impairs cognitive function (2021) ↩︎
  10. Le couvre-feu : mesure épidémiologique ou outil de communication politique ? (2022) ↩︎
  11. Le couvre-feu a-t-il un effet sur les rassemblements à domicile ? (2021) ↩︎
  12. Passeport vaccinal: vives inquiétudes pour les sans-abri (2021) ↩︎
  13. Les batailles d’Internet. Assauts et résistances à l’ère du capitalisme numérique (2018) ↩︎
  14. Pied de nez aux ministères de l’Éducation et de la Santé sur les purificateurs d’air (2022) ↩︎
  15. Les problèmes de ventilation dans les classes sont répandus (2021) ↩︎
  16.  Besoin de ventiler (2021) ↩︎
  17. Le masque chirurgical est-il vraiment efficace? (2023) / Dr Clare Craig (2023) ↩︎
  18. Mathieu Slama: «Le non-vacciné est le bouc émissaire de la crise sanitaire» (2021) ↩︎
  19. Blaming the unvaccinated during the COVID-19 pandemic: the roles of political ideology and risk perceptions in the USA (2023) ↩︎
  20. Plus de la moitié des jeunes Québécoises vivent anxiété ou dépression (2023) / Santé psychologique post-COVID : au-delà des soins (2023) ↩︎
  21. Peer Reviewed: Vaccine trial data shows a negative benefit to harm ratio (2022) ↩︎
  22. The suppressed science of the mRNA injection (2024) ↩︎
  23. Dites-nous quel prix on paie pour les vaccins (2021) ↩︎
  24. Jonas Salk , inventor of the polio vaccine, “Could You Patent The Sun?” ↩︎
  25. Legault recule pour préserver la « paix sociale » (2022) ↩︎
  26. Revacciner les Québécois contre la COVID-19 ou pas? (2023) ↩︎
  27. Dr Alain Vadeboncoeur | 2 millions de cas : la petite bombe du docteur Boileau (2022) ↩︎
  28. Surfing Corona waves – instead of breaking them: Rethinking the role of natural immunity in COVID-19 policy (2022) / Severe Acute Respiratory Syndrome Coronavirus 2 (SARS-CoV-2) Naturally Acquired Immunity versus Vaccine-induced Immunity, Reinfections versus Breakthrough Infections: A Retrospective Cohort Study (2022) /
    Risk of BA.5 Infection among Persons Exposed to Previous SARS-CoV-2 Variants (2022) / Necessity of COVID-19 vaccination in previously infected individuals (2022) / SPQ – Les réinfections à la COVID-19 sont rares au Québec (2021) / Risk of BA.5 Infection among Persons Exposed to Previous SARS-CoV-2 Variants (2022) ↩︎
  29. Daily oral dosing of vitamin D3 using 5000 TO 50,000 international units a day in long-term hospitalized patients: Insights from a seven year experience (2019) ↩︎
  30. Past SARS-CoV-2 infection protection against re-infection: a systematic review and meta-analysis (2023) ↩︎
  31. Antigène (Wikipédia) ↩︎
  32. Anticoprs (Wikipédia) ↩︎
  33. Système immunitaire des muqueuses (Wikipédia) ↩︎
  34. Unanticipated Complications with mRNA Vaccine (2023) ↩︎
  35. TGA document revelations (2023) ↩︎
  36. Australian vaccine biodistribution data (2023) ↩︎
  37. Circulating Spike Protein Detected in Post–COVID-19 mRNA Vaccine Myocarditis (2023) / Immunology of mRNA vaccines (2023) ↩︎
  38. SARS-CoV-2 spike mRNA vaccine sequences circulate in blood up to 28 days after COVID-19 vaccination (2023) ↩︎
  39. Bad Australian vaccine data (2023) ↩︎
  40. Sex-specific differences in myocardial injuryincidence after COVID-19 mRNA-1273booster vaccination (2023) /
    What happens when we put all of the studies together? (2024) ↩︎
  41. Myocarditis Cases Reported After mRNA-Based COVID-19 Vaccination in the US From December 2020 to August 2021 (2022) ↩︎
  42. Florida State Surgeon General Calls for Halt in the Use of COVID-19 mRNA Vaccines (2023) / Coronavirus vaccine – summary of Yellow Card reporting (2023) / Helsinki (2024) ↩︎
  43. Serious adverse events of special interest following mRNA COVID-19 vaccination in randomized trials in adults (2022) / Why We Question the Safety Profile of mRNA COVID-19 Vaccines (Robert M Kaplan and Sander Greenland) (2022) ↩︎
  44. Vaccine Side Effects ↩︎
  45. Why We Question the Safety Profile of mRNA COVID-19 Vaccines (Robert M Kaplan and Sander Greenland) (2022) ↩︎
  46. Covid-19: Researchers face wait for patient level data from Pfizer and Moderna vaccine trials (2022) ↩︎
  47. Houston, we have a problem (Wikipédia) ↩︎
  48. Covid vaccines may have helped fuel rise in excess deaths (2024) / Excess mortality across countries in the Western World since the COVID-19 pandemic: ‘Our World in Data’ estimates of January 2020 to December 2022 (2024) ↩︎
  49. A retrospective analysis of clinically confirmed long post-COVID vaccination syndrome (2022) / A Case Report: Long Post-COVID Vaccination Syndrome During the Eleven Months After the Third Moderna Dose (2022) / Long covid and long vaccine (2024) / Ivermectin and vaccine injury (2024) ↩︎
  50. In rare cases, coronavirus vaccines may cause Long Covid–like symptoms. Brain fog, headaches, blood pressure swings are being probed by NIH and other researchers (2022) ↩︎
  51. Kerryn Phelps reveals why ‘doctors can’t speak out’ about adverse reactions to the Covid vaccine – after revealing she and her wife suffered ‘devastating’ injuries from jab (2022) / Expired: Covid the untold story (2023)
    ↩︎
  52. Santé, capitalisme et colonialisme. Quelle universalité pour le système de santé ? (2023) ↩︎
  53. Ryoa Chung et Samir Shaheen-Hussain: Inflamed de Rupa Marya et Raj Patel (2021) ↩︎
  54. Canadian study confirms children and youth at low risk of severe COVID-19 during first part of pandemic (2021) /
    Covid: Children’s extremely low risk confirmed by study (2021) ↩︎
  55. Covid Was a Period of Sheer Insanity. Dr Clare Craig Lays Out Just How Crazy it Was (2023) ↩︎
  56. BNT162b2 Vaccine-Associated Myo/Pericarditis in Adolescents: A Stratified Risk-Benefit Analysis (2022) ↩︎
  57. Pfizer accused of pandemic profiteering as profits double (2022) ↩︎
  58. Good Job First – Pfizer ↩︎
  59. Amende de 2,3 milliards pour Pfizer (2009) ↩︎
  60. From FDA to MHRA: are drug regulators for hire? (2022) ↩︎
  61. UK Medicines Regulator a « Serious Risk » to Patient Safety (2024) ↩︎
  62. FDA settles in court and agrees to remove all social media posts and directives that claim you should not use ivermectin to treat or prevent COVID-19 (2024) ↩︎
  63. Comment les monopoles de Big Pharma ruinent la santé publique (2022) / Des Big Pharma aux communs : petit vadémécum critique de l’économie des produits pharmaceutiques (2022) ↩︎
  64. La réforme de la santé entraînera une centralisation, déplorent des syndicats de l’Est (2023) / La réforme Dubé, un système de santé «à deux vitesses», dénonce l’APTS? (2023) ↩︎
  65. La galère de l’hôpital public (2022) ↩︎
  66. Une enquête publique réclamée sur la « méthode Toyota » en santé (2019) / La méthode Toyota (2015) / Un réseau de la santé qui soigne surtout ses statistiques (2023) ↩︎